Avec l’entrée de l’escalade aux JO depuis 2020 notre sport préféré se fait un peu plus connaître du large public sous sa forme de pratique en salle. Chaque année la FFME compte de plus en plus de licenciés et, parmi eux, une part importante de jeunes attirés par ce sport. En effet, pour un enfant l’escalade est un mélange d’instinct et d’apprentissages ludiques.
Les bénéfices de la pratique de l’escalade pour les enfants sont multiples et, en plus, c’est fun !
Apprendre a mobiliser tout le corps sans même y penser
Pour les enfants la progression en escalade inclus beaucoup d’apprentissages moteurs nouveaux: il faut se déplacer a la verticale et non plus a l’horizontale!
Ce qui fait la richesse de ce sport est la variété des situations dans lesquelles on se trouve pour réussir une escalade. En effet les combinaisons de prises, d’inclinaisons et de longueurs sont infinies. A la différence de la course a pied ou de tout autre sport basé sur l’apprentissage d’un meme mouvement que l’on va optimiser, l’escalade trouve son essence dans l’imprévisibilité de ces situations motrices.
Pour faire face a ces situations et optimiser les gestes en escalade les enfants apprennent un nouveau langage, que l’on nomme généralement « bagage gestuel » (utiliser la pointe des pieds, coordonner poussée de pied et tirer de main, grimpe de profil, etc.). C’est en remplissant ce bagage que l’on progresse, surtout au début. Et, comme pour pour beaucoup d’apprentissages, cela va plus naturellement et plus vite lorsqu’on est enfant !
La pratique de l’escalade sollicite un grand nombre des muscles du corps et fait meme mieux: elle fait travailler les muscles ensemble en « chaines ».
Par exemple lorsqu’on doit monter le pied droit sur une nouvelle prise le corps doit garder une tension pour maintenir l’équilibre. Tous les muscles depuis les avant bras jusqu’aux mollets doivent travailler simultanément et en équilibre pour parvenir a gainer le corps et maintenir l’équilibre.
Enfin a l’enfant de développer une meilleure représentation de son corps dans l’espace et de gagner en force, endurance, souplesse et coordination mais aussi en intuition et adaptabilité.
Pour les enfants l’escalade fait travailler:
- l’adaptation et la créativité motrice
- La coordination (haut/bas, gauche/droite…)
- Des chaines musculaires et non pas que des muscles isolés
- Une représentation plus fine de son corps dans l’espace
Un grand jeu cérébral: l’escalade et le développement cognitif de l’enfant
Chaque problème a sa solution ! En effet l’escalade peut globalement etre vue comme un empilement de problèmes à résoudre: la force ne fait pas tout, très vite on réalise qu’il ne suffit pas de tirer fort sur les prises pour arriver en haut. Il faut donc réfléchir (et/ou écouter son prof 🧑🏫 ) pour résoudre la grande équation qui comprend d’un cote la force disponible, la taille et la souplesse, les capacités techniques et de l’autre les caractéristiques de la voie a grimper.
Pour chaque voie d’escalade il existe une infinité de possibilités pour la grimper. Mais a force d’expérience l’enfant comme l’adulte apprennent a réduire ces possibilités. Ne reste finalement que quelques options, parfois une seule. Et cette réflexion est menée pour chaque mouvement!
Grimper, c’est donc participer a un jeu d’échecs géant où les options pour jouer ses pieces (bouger ses pieds, ses mains, etc.) sont infinies mais les solutions pour gagner sont beaucoup moins nombreuses.
Enfin l’escalade favorise la concentration, par sa nature même : si on se déconcentre, la gravité rappelle tout de suite a l’ordre! Il faut donc etre conscient de ses actions et réfléchir pour avancer !
Donc a l’escalade un enfant apprend:
- A anticiper et avoir une stratégie
- A mémoriser a court terme (les prises…) et long terme (les noeuds, les techniques…)
- A se concentrer
Apprivoiser ses émotions et gérer le risque
L’escalade nous confronte parfois a un stress: notre instinct de survie se réveille et nous envoie des signaux pour sortir de la et retrouver la terre ferme. Quelle idée de se percher la haut quand on peut bouquiner une BD sur un canapé ? Alors parfois on préfère redescendre: on a peur. Pourtant, une fois redescendu, une BD dans les mains, on ne peut s’empêcher d’observer du coin de l’oeil le sommet cette voie qui vient d’heurter notre égo. Quelques minutes plus tard on y retourne. C’est alors parfois un succès , parfois un échec. Et dans ce dernier cas il faut gérer une nouvelle émotion: la frustration.
Le travail du moniteur est de donner un soutien et des clefs aux enfants pour qu’ils trouvent leur manière de gérer cette émotion. Cela passe par des aménagements qui permettent aux enfant d’abborder progressivement des passages qui les impressionnent. Mais cela passe aussi par des conseils et des pratiques plus sécurisantes: travail sur la respiration, évaluation du risque réel versus risque ressenti, auto conditionnement mental, etc.
Le fait que l’escalade nécessite une grande lucidité pour lire et analyser les prises implique que la gestion de ces émotions est un chemin obligé pour chaque grimpeur. Et ce quel que soit le niveau de pratique et l’age.
Dans une situation de stress il est très difficile de penser clairement. Il faut donc apprendre en escalade a faire redescendre ce stress, mais aussi a travailler avec et malgré lui !
Ces apprentissages se font a tous les niveaux et a tous les ages.
L’escalade permet d’apprendre aux enfants a gérer:
- Le stress
- La peur
- Le risque
- La frustration
Développer une confiance en soi et en les autres
Que ce soit en bloc ou en escalade sportive (avec corde), une séance d’escalade place l’enfant dans des situations de réussite claires. L’escalade est tellement binaire (on grimpe ou on tombe) que ces situations de réussites sont d’autant plus gratifiantes: elles ne reposent que sur le mérite du grimpeur.
De plus le fait de voir, de pouvoir observer la voie avant de la grimper aide à avoir une estime de soi juste. En effet on apprend a déceler les indices visuels qui permettent de dire si on y arrivera facilement, avec difficulté ou bien pas!
Le rapport aux autres est aussi essentiel. Les encouragements sont nombreux. S’agissant d’un sport où la première compétition est celle que l’on mene avec sois-même, l’entraide est vraiment favorisée.
La communication est aussi très importante entre assureur et grimpeur. Cette relation se double d’une confiance (qui se développe avec le temps) en l’autre.
Le contact avec la nature: un besoin pour les enfants
L’escalade en extérieur a ce coté magique pour les enfants car ils voient dans la nature une aire de jeu immense. Si l’escalade en est un élément, ce n’est pas le seul: observation des plantes et des insectes, constructions de cabanes, moments de calme plus méditatifs.
De nombreuses études ont montré les bienfaits du contact avec la nature dans la réduction du stress. Les après-midi passées en falaises détendent plus les enfants que lorsqu’ils ont fait une heure d’escalade en salle.
Etre en contact fréquent avec la nature apprend aussi comment la respecter, comment s’y sentir a l’aise et comment y évoluer en sécurité. Beaucoup de ces apprentissages se font sans y réfléchir, simplement en passant du temps dehors, dans une nature plus « sauvage » que celle d’un parc.
Apprendre certaines valeurs a l’enfant au travers de l’escalade
Lors des cours d’escalade, a travers la pratique et dans les relations avec les autres les enfants apprennent et s’imprégnent de valeurs telles que :
- La bienveillance , en apprenant a faire attention aux autres a l’assurage par exemple
- Le respect de règles, bien établies et expliquées, pour la sécurité notamment
- Le respect de la nature
- La liberté qui s’incarne a chaque instant dans le choix immense de gestuelle a adopter
- Le mérite
- L’acceptation et la valorisation des différences, car l’escalade valorise a tour de role les qualités des uns et des autres.
L’escalade est en somme un excellent sport a faire pratiquer aux enfants pour leur développement moteur et cognitif. Mais au delà de cela grimper apporte des choses uniques : des émotions uniques qu’il faut gérer, une sensibilité à la nature et au vivant, des camaraderies…
Bref, puisqu’une image vaut mieux que mille mots… On va grimper?
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